Sur les chemins de Compostelle

255 km, 4100 mD+, 18h00
Lot – Tarn-et-Garonne – Haute Garonne – Gers
vendredi 11 août

Le réveil sonne à 4h30 et je m’empresse de constater les dégâts de plus près sur mon orteil. C’est pas terrible mais j’attends surtout le test lorsque je vais enfiler ma chaussure puis commencer à pédaler.
J’entoure mon gros orteil de papier toilette pour faire une sorte de protection. On fait avec ce qu’on a. Je remets la chaussette, j’enfile la chaussure, je marche, puis je pédale. Miracle, ça a l’air d’aller. Ça fait mal, mais pas trop.
Mon but est de trouver une pharmacie le plus rapidement possible, car je crains l’infection dans des chaussettes et chaussures qui recueillent les paramètres température/humidité parfaits depuis plusieurs jours pour le développement de petits micro-organismes sympathiques.

Nous nous remettons en route avec Benjamin vers 5h et nous atteignons Cahors vers 7h30. Finalement les chemins étaient assez roulants, c’était jouable de terminer à Cahors la veille au soir.
Céline et Thibaut sont là comme aux deux CP précédents, c’est vraiment réconfortant de les retrouver.

Après une heure de stop et un sacré petit dej, nous repartons sur les pistes des Chemins de Compostelle qui sont vraiment géniaux à rouler. Finie la pluie, fini le froid, place au beau temps. Mon GPS retrouve des couleurs avec une altitude et une température indiquées qui commencent à ressembler à ce qu’on a l’habitude de trouver en France.

Je laisse filer Benjamin car il faut que je m’occupe de ma blessure, ce qui me va très bien car je préfère rouler seul. Je m’arrête à la pharmacie de Montcuq (eh oui), village célèbre pour son nom cocasse, mais par ailleurs fort joli, et rempli de randonneurs. J’achète compresses, désinfectant, adhésif et paracétamol pour me soigner. La douleur est présente mais tout à fait supportable et le paracétamol la fera quasiment disparaître, à condition de le prendre toutes les 6h, comme indiqué par le pharmacien. Vérifié-approuvé : au bout de 5h30, la douleur me lancera systématiquement à nouveau.

Samuel nous avait prévenus qu’après le Massif Central on aurait plus de 200 km de route. Le VTT, même 29″, n’est pas la meilleure option pour ce type de terrain face au gravel. Je m’attends à perdre pas mal de terrain face à Benjamin qui, lui, est en cyclocross.

Les petits villages traversés dans le Tarn-et-Garonne sont tous aussi beaux les uns que les autres. Je découvre la région et c’est franchement magnifique. Mais le parcours est exigeant et les ravitaillements sont rares. C’est vrai qu’il y a pas mal de route, mais des petites départementales comme ça avec très peu de voitures, on en rêve toute l’année.

Je finis ma journée à 250 km et 4000 m de D+ au compteur. Je retrouve des distances que j’ai l’habitude de faire, mais je suis vraiment fatigué. J’atterris dans un village et m’installe derrière une église pour passer la nuit.

Je n’ai presque pas de réseau mais j’arrive à voir sur le tracking que Benjamin s’est arrêté dans le village juste avant moi. On verra demain…

Au moment de recharger mes électroniques, j’ai la désagréable surprise de voir que mon powerbank est quasi vide. J’hallucine. Comment ai-je pu me faire avoir encore une fois ?… Je recharge le GPS en priorité et éteins immédiatement le téléphone que je n’ai pas pu recharger la veille à cause de l’humidité présente dans le connecteur. Demain, il va falloir gérer le rechargement des batteries avec le moyeu dynamo, et vu le dénivelé qui s’annonce, ça ne va pas être simple… Un souci en plus.

Pas de réseau, donc pas de news des copains et de la famille. Je m’endors à la fois confiant, et inquiet.