Transcontinental Race No4 – Day 2

Transcontinental Race No4 – Day 2

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Le premier CP à Clermont-Ferrand

France, 377 km, 3370 m D+, 20h18
dimanche 31 juillet


Levé vers 3h15, je commence à rouler à 3h45 pour rejoindre les bords de Loire et reprendre ma trace GPS. Je n’ai vraiment pas passé une bonne nuit. Je sais que j’ai 100 km de plat à faire et me dit que ça devrait avancer vite. La piste cyclable du bord de Loire est monotone mais roulante. Mais la fatigue me terrasse déjà alors que ça ne fait que 2h que je roule. Tant pis, je m’arrête et me couche dans les herbes sur le bas côté, avec ma polaire et mon Gore-Tex en guise de matelas et de couverture, je n’ai pas envie de ressortir le duvet et le matelas. Je dors pendant une demi heure environ, dérangé par les moustiques, mais le sommeil est réparateur.

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Sieste matinale sur les bords de Loire

Je repars en espérant être ragaillardi et je profite encore d’un magnifique lever de soleil, sur la Loire cette fois-ci. Tout est parfaitement calme et paisible, et j’ai l’impression de me fondre dans la faune locale : lapins qui traversent régulièrement sous ma roue, hérons cendrés, renards…

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Lever du jour sur la Loire

Mon état de forme n’est pourtant pas génial. J’avance lentement et je m’arrête à nouveau 1 h plus tard pour essayer de dormir. Je ne descends même pas du vélo. Les deux pieds à terre, je couche ma tête entre mes deux bras croisés sur les prolongateurs. Dix minutes de pause et quand je repars j’ai des étourdissements : la position n’était pas bonne… Ma moyenne horaire me déprime un peu : je suis censé être sur une partie facile mais je n’avance pas, le CP1 est encore très loin.

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Le long du canal latéral de la Loire

Je quitte la Loire vers Nevers pour suivre l’Allier. Je retrouve les routes de campagne et ça va beaucoup mieux à partir de 9h. Les routes sont superbes, le temps est parfait, je retrouve un bon coup de pédale et je file vers le CP1 tranquillement en m’arrêtant de temps en temps pour ravitailler et faire une courte sieste en début d’après-midi.

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En route vers le CP1 sur les routes du Massif Central

J’ai déjà beaucoup de messages d’encouragements (texto, et Facebook), on me suit à la trace, ça me fait plaisir et ça me donne du courage pour avancer. La route comportant peu de dénivelé, je n’ai aucun problème pour recharger mon téléphone et GPS avec le moyeu dynamo, je suis serein de ce côté là.

J’arrive à Riom, et me dis que Clermont-Ferrand n’est plus très loin. Je trouve la ville bien jolie avec une grande église en pierre noire, caractéristique de la région.

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Arrivée à Riom par une petite route

J’arrive enfin à Clermont et reste bien concentré pour trouver l’hôtel Campanile qui fait office de CP1. J’ai marqué cet endroit en tant que waypoint sur mes GPS, espérons que je ne me sois pas trompé. Houra l’hôtel apparaît avec une petite pancarte de la TCR et un vélo garé devant. Le moment est particulier car les CP sont des points qui segmentent la course en plusieurs parties et sont des objectifs à part entière. J’entre dans le hall où le staff a installé son bureau et je fais valider ma « Brevet Card » avec un coup de tampon. J’ai un grand sourire, je profite de cet instant.

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Brevet Card avec le CP1 validé

1 jour 17 heures 23 minutes. Je suis 58ème. J’ai remonté pas mal de places par rapport à la veille où j’étais les centièmes il me semble. Je suis content. Content de voir d’autres riders, de voir des personnes de l’organisation et content de ma place, je suis dans le premier quart, c’est carrément bien. Ceci me conforte dans le fait que mon itinéraire n’était finalement pas si mal. Mais je sais que c’est de loin la partie la plus facile : c’est le début et je suis en France, en terrain connu.
Je discute avec Sébastien D. que j’avais rencontré sur la BTR et qui devait faire la course. Il s’est fait renverser par une voiture quelques jours avant le départ, fémur fracturé, et s’est donc porté bénévole pour vivre d’une autre façon la course. J’admire. Il me donne quelques conseils pour monter le col puis je repars après avoir consommé un Coca.

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Mon vélo devant le CP1

J’attaque donc le parcours N01, du CP1 au col de Ceyssat, environ 15 km. Sur la TCR, les « parcours » sont des courtes portions d’itinéraires obligatoires que l’on doit suivre d’un point A à un point B, sous peine d’avoir des pénalités si non respecté. Le début est assez raide avec un kilomètre à 9%, puis c’est plutôt raisonnable avec du 6-7% de moyenne. Je double quelques riders, j’ai des jambes et j’arrive en haut sans difficulté. Les 700 m de D+ sont passés rapidement. En haut du col un cycliste m’interpelle, il est du coin et est fan de cette course. Comme je suis Français, il me pose pas mal de questions. Je vois dans ces yeux l’admiration et l’envie et me revois l’année dernière où nous étions allés à la rencontre des riders de la TCR à Chaumont avec Millan. Je me rends compte de la chance que j’ai de réaliser ce rêve.

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Col de Ceyssat, fin du Parcours 1

Il est 17 h, déjà. Je ne me pose pas de questions pour l’instant concernant l’endroit où je vais dormir ce soir, j’ai encore pas mal d’heure de pédalage devant moi. Je traverse à nouveau Clermont en faisant un stop ravito à une boulangerie et je me retrouve à nouveau dans la campagne. C’est plat, ça roule, moyennant quelques corrections d’itinéraires m’évitant de passer à travers champs.

19h30, je traverse le village de Randan. Je vois un camion pizza (en fait un camion burger), je m’arrête de suite pour saisir l’opportunité d’un repas du soir. Je profite de cet arrêt pour faire le point. Je consulte mes fiches, je devrais pouvoir atteindre Digoin qui est à moins de 100 km, avant minuit. Je checke les hôtels avec mon téléphone et réserve une chambre pour moins de 40€. Le responsable de l’hôtel me dit qu’il faudra que j’entre par le portail de gauche, que je tourne à droite, puis encore à droite, que je monte l’escalier, puis que je fasse le code et je trouverai la clé de ma chambre dans une coupelle sur une table à droite. Chaud. Je me répète le truc 5 fois dans ma tête pour être sûr de le retenir.
Je retrouve également le rider 91, un Polonais super sympa qui mange avec moi. Nous discutons. Le gars utilise un hamac pour dormir… dans la forêt donc puisqu’il lui faut des arbres. J’hallucine. Il a pas mal baroudé en vélo dans les Balkans et me rassure sur l’hospitalité des habitants et sur le fait qu’on ne s’y sent pas en insécurité. Il me dit vouloir rouler 350 km par jour en moyenne, ça m’impressionne. Je repars avant lui. Il me doublera dans la nuit.

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Belle lumière dans la campagne de l’Allier

Je traverse Vichy au crépuscule puis me retrouve à nouveau dans la campagne, où je profite du coucher de soleil et de la douceur de la température. Puis vient la nuit. Je continue de bien avancer en n’étant pas toujours rassuré par les aboiements des chiens lors de traversées de villages dans cette nuit noire.

En me rapprochant de Digoin, je reconnais la piste cyclable que nous avions empruntée avec les enfants l’année dernière, en vacances. Mais cette fois-ci je prends la route principale, c’est plus rapide.

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Pont sur la Loire avant d’arriver à Digoin

J’arrive à l’hôtel et me concentre pour me rappeler ce que m’a dit l’hôtelier. Je trouve le portail, je mets mon vélo dans la cour. J’essaie de me rappeler du code, impossible. La première lettre c’est OK, mais le chiffre… « Comme le département » m’a dit le gars. Ça fait tilt. On est en Saône-et-Loire, c’est le 71. C’est bon, je rentre dans l’hôtel. « Comme le département »… Je n’avais pas compris sur le moment… Je suis bien content de connaître une bonne partie des numéros de départements français.

Je regarde mon GPS et je réalise seulement que j’ai fait presque 380 km aujourd’hui. C’est bien, je suis content.
Physiquement ça va pas mal. Le mal de mains prévisible est complètement supportable, par contre je commence à avoir mal au fessier. Ce qui m’inquiète le plus c’est un aphte que je traîne depuis le départ et qui m’empoisonne vraiment dès que je mange quelque chose. Mais ça devrait passer.

Le temps de me doucher, de poster sur Facebook, de lire vos messages et d’étudier rapidement le parcours du lendemain, je m’endors après 1h. Je me réveille au milieu de la nuit pour intervertir la charge GPS/téléphone (je n’ai qu’un petit chargeur, ce qui me posera des problème par la suite). Je ne mets pas d’alarme pour le réveil, je fais confiance à mon horloge interne. Je vise un départ à 5h le lendemain.

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Activité Strava Day 2 –  France, 377 km, 3370 m D+, 20h18

 

9 réactions au sujet de « Transcontinental Race No4 – Day 2 »

  1. Je me vois encore te suivre sur le tracker le long de la loire, au milieu de la nuit sur mon téléphone. Ca fait plaisir de te lire et d’entrevoir que ce que tu as vécu.
    Merci pour tout

  2. Hello , un régal pour moi, d’autant que je fais partie des recalés lors de l’inscription. J’ai suivi la TCR à travers 3 ou 4 que je connaissais (et les premiers), mais pas toi 🙁 hélas.
    Autant dire que je vais guetter impatiemment tous les épisodes!
    Amicalement, JM

  3. Bonjour
    Moi aussi je fais parti des recalés de cette édition.
    J’apprécie d’autant plus ta performance et ton récit. Vivement la suite.
    Une question : il y a-t-il des options de parcours que tu ne reprendrais pas si c’était à refaire ?
    Sportivement

  4. Merci Sylvain pour cette idée de blog et pour tes récits passionnants !
    On s’y croirait avec toi en train de vivre tout ça jour après jour.

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