Transcontinental Race No4 – Prologue
Août 2014. Je suis en vacances, je découvre la Transcontinental Race. C’est la 2ème édition qui s’élance de Londres et qui va à Istanbul. Tout de suite je commence à rêver. C’est l’effet que fait cette course à de nombreux cyclistes qui aiment rester sur la selle un certain nombre d’heures d’affilée.
La longue distance j’adore.
J’y associe le plaisir de l’effort, le dépassement de soi, le fait de se confronter à ses capacités de résistance physique. Mais c’est aussi l’aventure et la découverte de nouvelles routes, de nouveaux paysages, de nouvelles ambiances, qui sont autant stimulants pour le cycliste vagabond que le simple plaisir de l’effort physique.
Mais voilà, on peut rêver, mais il y a toujours une partie raisonnable et réaliste en nous qui nous ramène à la réalité, en tout cas c’est souvent mon cas. 4000 km à faire en 15 jours, c’est long, et nul doute que ça doit être très dur, car j’ai quand même quelques références qui me font penser que ça ne doit pas être de la tarte.
En novembre 2014, à l’ouverture des inscriptions, je suis devant mon PC, sur la page de la TCR. Le curseur de la souris est parfaitement positionné sur le bouton qui permet de lancer le processus d’inscription. Je répéterai ce petit rituel pendant quelques jours, sans jamais cliquer, jusqu’à ce que le délai soit dépassé. Pas de TCR en 2015, ouf.
C’est à partir de ce moment que je commencerai à me préparer sérieusement pour cette course : matériel et préparation physique. Je cliquerai peut-être en 2016.
Comme si de rien était, je me mets à faire des sorties longues, de plus en plus longues. En 2015, Paris-Londres-Paris en 2 jours, BRM 600, Paris-Grenoble en 2 jours les 25 et 26 décembre et quelques autres belles sorties qui me font prendre de l’expérience et tester le matériel que j’achète au fur et à mesure.
Pour mes 40 ans en 2015, j’ai la chance de recevoir un beau Trek 720 Disc taillé pour l’aventure. Les choses se précisent.
Novembre 2015, inscriptions pour la TCR 2016. Vais-je cliquer cette fois-ci ? Bruno me propose de faire la course en équipe. J’hésite, pour moi la TCR c’est solo, mais aurai-je le courage de m’engager ? C’est réfléchi, y aller à deux, en « Pair », est peut-être le moyen de se lancer.
Nous apprenons que nous sommes sélectionnés les 25 décembre.
Il n’y a plus qu’à s’entraîner et à continuer à prendre de l’expérience. Les sorties longues sur plusieurs jours (dans la mesure de ce que mon boulot et ma famille m’accorde) sont régulières à partir de mars.
Plusieurs longs rides ont jalonné ma préparation :
– Paris-Mont Ventoux-Avignon en 4 jours, 900 km en octobre 2015
– un Paris-Morgat, traversée de la Bretagne, en 2 jours, 600 km en avril
– Paris-Brives avec Bruno, en 2 jours, 600 km en mai
– Paris-Deauville-Paris en 2 jours, 400 km en juin
– la Born To Ride 2016 : de Vézelay à Barcelonne. Un ride fabuleux imaginé par Luc de Chilkoot. 1 050 km en 2,5 jours début juin
– La traversée des Alpes lors d’un Auxerre-Nice début juillet, 900 km et
14 000 m de D+ pour se tester dans les cols
Pour la préparation mentale, je ne sais pas trop quoi dire. Cela mériterait un article en soit. Les expériences d’ultra trail en course à pied et de raids multisport m’ont appris qu’il faut se préparer à souffrir et ne jamais rien lâcher, tant que sa propre sécurité n’est pas en jeu.
Pour me faire une idée plus précise de la course, j’avais contacté deux vétérans français de la TCR No3 2015, Philippe Lebas et Patrick Miette qui m’avaient généreusement consacré un peu de leur temps pour me faire part de leur expérience.
Le 29 juillet 2016, nous sommes à Grammont en famille. Plus possible de reculer, le départ est proche, cette fois il faut se lancer !
J’ai encore bien des peurs qui sont présentes car j’ai peu voyagé. J’ai entendu tellement de choses sur les pays de l’Est, les automobilistes et poids lourds dangereux pour les cyclistes, les attaques de chiens errants, auxquels se rajoutent mes peurs de l’inconnu : trouve-t-on facilement de la nourriture et de l’eau « là bas », où vais-je dormir, est-ce dangereux etc. Bref, des questions d’apprenti aventurier qui trouveront leurs réponses tout au long du chemin je l’espère, car malgré tout, j’ai confiance. Je sais qu’en étant positif et en avançant on trouve toujours solutions à ses problèmes.
Je retrouve Bruno en début d’après midi, nous passons aux inscriptions chacun notre tour pour obtenir la fameuse casquette portant notre numéro de coureur et notre tracker GPS qui nous permettra de nous localiser à n’importe quel moment de l’épreuve via le site Freeroute ou Trackleaders.
Nous sommes les 223.
Nous échangeons un peu entre Français, Thierry, Pierre, Alain, Xavier, Patrick.
Le briefing se tient de 17h à 18h où les 220 riders écoutent attentivement Mike Hall pour les consignes de course. La pression monte…