Au mois de février lorsque je découvre cet événement via Facebook, je saute sur l’occasion et contacte de suite Chilkoot : chouette il reste quelques brassards disponibles ! Quelques semaines plus tard me voilà à Vezelay avec Bruno, après quelques déboires pour nous y rendre à cause des grèves SNCF. Et oui la France est en plein chahut à cause de l’opposition farouche à la loi travail, mais nous ferons ce ride de Vezelay à Barcelone coûte que coûte ! L’accueil à Vezelay est fort sympathique et permet de mettre des têtes sur des noms que je vois circuler dans le groupe BTR de Facebook depuis quelques semaines.
Ici ce n’est pas le carbone aéro-body-buildé qui est à l’honneur mais bien les belles machines en acier toutes aussi quasi-uniques les unes que les autres. Un Jaegher Phantom par ici, un Soma par là, un Awol par ici encore… Mon Trek 720 disc ne détonne pas parmi ces belles machines, mais ma monture fera bien l’affaire pour jouer les aventuriers, car ici nous sommes tous réunis pour ça : c’est bien l’aventure que nous sommes venus chercher. Après une Pasta Party, Luc l’organisateur en chef de Chilkoot nous fait un court briefing sous la pluie avant le départ qui est donné à minuit pile : c’est parti !
Départ à 00h00 de Vezelay le samedi 11 juin
Nous montons dans la rue principale de Vezelay qui nous mène au 1er CP et 1er arrêt au bout de 3 minutes : la basilique vaut le détour.
On se retrouve rapidement en tête de peloton avec Bruno dans un rythme assez soutenu (et oui Bruno part toujours vite mais il ne s’en rend jamais compte 😉 ), rythme qui devient rapidement trop rapide pour moi. Malgré la pluie intermittente, il fait bon et la gestion vestimentaire est dans ce cas assez compliquée (trop couvert on transpire trop, pas assez on est trempé par la pluie…). Au km 47 à Bazolles, nous nous séparons des 2-3 coureurs avec qui nous étions à ce moment pour suivre le canal du Nivernais. Nous ne reverrons quasiment personne jusque l’arrivée à Barcelone… Les kilomètres défilent vite mais la fatigue commence à sérieusement se faire sentir pour moi et vers 4h30 du matin l’arrêt dodo est obligatoire au km 95 : repos de 30’ sous un abribus. Malheureusement l’effet sera de courte durée car 50 km plus loin, rester éveillé sur le vélo est un véritable supplice, les yeux se ferment, je zigzague sur la route, c’est un calvaire (petit souvenir du BRM 600 de l’année dernière…) Arrêt obligatoire à nouveau, dans une boulangerie cette fois-ci à Varennes-sur-Allier avec un dodo d’une petite heure. On repart sous des trombes d’eau. On retrouve Alain Puiseux sur quelques mètres (le pauvre a crevé dans la nuit sous la pluie), puis nos routes se séparent. Notre route est moins directe pour rejoindre Clermont, mais j’ai fait le tracé pour éviter la circulation et profiter un max des paysages. La pluie s’arrête, le ciel se dégage, la forme revient.
Cette fois-ci c’est parti, on va borner jusqu’au Puy-en-Velay et en profiter un max ! J’avais prévu de m’arrêter à Riom pour voir mon pote Edouard qui se marie ce jour-là, mais la nuit avec les intempéries nous a fait prendre du retard et c’est avec un immense regret que je renonce à cette photo que j’imaginais depuis des semaines : moi en cycliste pouilleux entre la belle et le beau pour célébrer avec eux cette union. Tant pis, il faut rebondir et avancer. On arrive à Clermont, pause déjeuner sandwich rapide au Carrefour Market du coin avant de rallier la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption au km 214.
Le CP1 est validé ! Photos, #BTR2016 sur Insta et FB, texto à Luc dossards #11 et #14 checked CP1, tampon des carnets de route à la libraire sur la place de la cathédrale et c’est reparti. La suite est fort sympathique. Nous filons est-sud-est vers le Puy-en-Velay avec le soleil, et la chaîne des Puys sur notre droite. Le terrain devient plus vallonné, c’est plus dur avec la fatigue mais le moral est bon. Pause ravito à Issoire au km 285 devant l’Abbatiale Saint Austremoine (ben oui on reste dans le thème de ce BTR 2016) et c’est reparti pour la dernière ligne droite.
Nous empruntons un bout de N102 assez inévitable avant de la quitter pour une superbe petite route qui nous mènera au Puy-en-Velay. Je suis subjugué par la beauté de cette ville où nombre de touristes se baladent dans les rues piétonnes pavées. La recherche de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation s’avère moins simple que prévu, le GPS est à l’ouest (ah ah ah) dans ces rues piétonnes d’autant qu’il y a un trail qui arrive au pied de l’édifice et qui nous oblige à faire le tour.
Une fois chose faite, photo, Insta, FB, texto… Alors hôtel ou nuit dehors ? Avec cette première journée éprouvante, un bon lit ne nous fera pas de mal. En 2’, un coup de Booking avec le smartphone et l’hôtel est réservé : c’est beau la technologie. Hôtel, douche, Mac Do, dodo. Première journée éprouvante, 386 km pour 2800 m de D+ et 19h30 de ride. Le seul point noir de cette journée est le problème de recharge GPS/Smartphone que je résoudrai à la fin du 2ème jour : sur les 2 câbles micro-USB, un ne fonctionne pas avec le convertisseur 5V continu.
Réveil 2h50, départ 3h30 le dimanche 12 juin
Départ dans la fraîcheur de la nuit, on se retrouve rapidement sur une petite route sympa qui monte, qui monte, plutôt encore une fois de prendre la nationale N88, plus directe. Je laisse Bruno devant dans les montées, on a pas le même rythme, et je ne veux pas forcer. Le jour se lève pendant une section gravel vers le km 40, c’est superbe, on prend le temps de prendre des photos.
La suite de Langogne à Montpellier sera absolument fantastique, de loin la plus belle partie du voyage : traversée des Monts d’Ardèche et du Parc des Cévennes sur des routes faites pour le vélo. Peu de voitures et des paysages superbes.
Nous arrivons au CP3 à la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier à 14h20, pause photo et on repart sous le soleil et la chaleur.
La suite va être moins sympa. J’ai choisi de passer bord de mer.
La Tramontane souffle fort de côté, mais ce n’est finalement pas si dérangeant, même si fatigant. La traversée de Sète est pénible et le bord de mer n’est pas fantastique car par endroit assez bétonné, mais ça je le savais (Paris-Perpignan de 2011). Arrivés à hauteur de Narbonne Bruno commence à faiblir et il terminera dans ma roue pour les 70 km restant.
C’est tellement rare, voire ça ne s’est jamais produit, que je tiens à le signaler ! L’arrivée sur Perpignan est une galère car, en voulant prendre un raccourci, on se perd plus ou moins, on s’arrête sans cesse, on s’énerve, l’heure tourne, il est 23h et on n’a toujours pas mangé, tout est fermé… Un Quick providentiel nous tend alors ses portes à 15’ de la fermeture, à ce moment-là on fait pas les difficiles… Direction ensuite la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan que l’on atteint à minuit.
Moi je suis en pleine forme, je continuerais bien jusqu’à ce que la fatigue m’emporte, mais Bruno n’en peut plus. On décide de dormir dans une des rues piétonnes à côté de la cathédrale. Ce ne fut pas un très bon choix, sol dur (ben oui c’est de la dalle) et bruyant, malgré le fait qu’on soit dimanche soir. J’ai l’impression de ne pas avoir fermé l’œil de la nuit et suis un poil inquiet pour le lendemain…
Deuxième journée : 413 km pour 3700 m de D+ et 20h de ride.
Réveil (enfin lever…) 3h30, départ 4h00 le lundi 13 juin
Ben on est pas bien frais évidemment, mais je m’attendais à pire. Il fait très doux. Direction l’Espagne ! Alors que beaucoup on choisit de passer par Le Perthus, j’ai choisi de passer par la côte. Je ne sais pas si c’était un bon choix, on économise du dénivelé, mais pas tant que ça. La côte est cependant très jolie et le lever de soleil sur la mer exceptionnel : Collioure, Port-Vendres et enfin Cerbère, dernier village avant la frontière.
Nous passons la frontière au km 64, España ! Première fois que j’y mets les pieds et les roues.
Au km 150 nous franchissons un col sur une superbe petite route de montagne et nous rencontrons des cyclistes espagnols hyper affûtés intrigués par nos drôles de vélos avec sacoches et éclairage. Ils nous parlent en Espagnol, Bruno leur répond en français, et ça marche !
La fin sera assez pénible avec une longue section sur une nationale très passante, mais où les automobilistes sont très respectueux des cyclistes (distances de sécurité notamment). Automobilistes Français, allez prendre des cours de courtoisie en Catalogne… Bruno est devant et roule à bloc pour essayer de raccourcir nos souffrances le plus rapidement possible sur cette route. Je suis dans la roue, incapable de prendre un relais. Heureusement la fin se termine sur une petite route dans la forêt avant d’arriver dans Barcelone. Je suis un peu cuit, par la fatigue, la chaleur et le mal aux pieds et aux mains. Et soudain la Sagrada Familia s’érige devant nous. C’est impressionnant à plusieurs titres. L’ouvrage est monumental. Mais cela signifie aussi la fin du périple. Les émotions affluent et se mélangent, très content d’être arrivé mais aussi un peu triste que ce soit déjà fini…
Dernière journée avec 250 km au compteur, 2200 m de D+ et 11h30 de ride.
63h30 de ride, 41h30 de selle, 1050 km, 8700m de D+, environ 9 h de sommeil.
Nous avons roulé de Vezelay à Barcelone, sur cette Born To Ride 2016. Merci Chilkoot, merci Luc pour cette organisation, ce concept, cette ambiance. Merci à mon partenaire, c’est pas facile de rouler à deux, mais on s’en est bien tiré. Merci aux autres riders avec qui on a pu échanger, ce fut malheureusement un peu court.
La nuit à Barcelone fut… réparatrice. Le lendemain nous prenons le bus à 14h30 pour 15h de trajet vers Paris.
Finalement ce mode de transport, bien que pas très confortable, est bien adapté à un tel retour. Le train et encore plus l’avion eut été peut-être trop violent comparé à la douceur du déplacement vécu sur nos bicyclettes.