French Divide 2017 – Day 3
Ça trace en Champagne
256 km, 3100 mD+, 17h15
Marne – Aube – Yonne
lundi 7 août
A 5h15 quand je descends dans le hall de l’hôtel pour récupérer ma monture, le vélo de Benjamin n’est plus là.
J’ai sacrément mal aux cuisses en ce début de journée.
Je profite du lever de soleil sur la campagne de la Marne.
Mon pneu me tracasse toujours autant et je fais un stop à Bienne-le-Château pour petit-déjeuner et tenter une nouvelle fois de placer une protection à l’intérieur du pneu pour protéger ma chambre à air. J’essaie d’aller vite, je recommence deux fois, sans succès. Je m’énerve, je m’agace et décide de laisser tomber. Encore 45 minutes de perdues à essayer de placer dans mon pneu un foutu papier d’emballage Mars qui glisse à chaque fois que je regonfle.
Cela ne m’empêche pas de profiter du tracé qui est superbe et assez roulant en ce début de matinée.
J’arrive à la fameuse forêt d’Orient dont le passage est interdit entre 21h et 6h. J’ai de l’avance sur mon pseudo-planning qui me faisait arriver plus tard à cet endroit.
Je m’arrête pour déjeuner à Bar-sur-Seine et c’est après que le terrain devient plus chahuté et cassant. On enchaîne les côtes sèches dans les vignes entre deux villages viticoles. Certains sont très jolis, on y trouve beaucoup de caves à vin mais pas une goutte d’eau.
Il fait chaud en ce début d’après-midi et ravitailler en eau est une préoccupation car les deux bidons de 700 ml se vident rapidement.
Toujours autant contrarié par mon pneu, je me mets à penser à Sofiane qui a éclaté un pneu sur la Transamerica (USA) et à Ben Steurbaut, qui a détruit sa fourche sur le Tour Divide (USA) cette même année. Tous deux se sont battus pour réparer et ont terminé très bien placés dans leurs compétitions respectives. Je me dis que je peux au moins faire pareil (j’entends par là arrêter de psychoter et agir pour avancer). Je change alors de configuration mentale : mon pneu passera le Morvan et je ferai tout pour aller au bout.
Je m’arrête alors pour une nouvelle tentative de réparation et cette fois-ci, calme et déterminé, j’arrive à placer la protection correctement. Mes 45 nouvelles minutes d’arrêt ont cette fois-ci été bénéfiques.
Au fil des côtes, des arrêts, des parties roulantes, je croise Mario et Benjamin. Le sourire et l’enthousiasme de Mario sont toujours autant de vitamines pour le moral.
Je ne me ménage pas et j’essaie de rattraper le temps perdu dû à mon pneu. C’est un peu absurde en soi car la route est encore très longue et je n’ai aucune idée de qui est devant et derrière moi.
En fin d’après-midi, dans un des nombreux bois que traverse la trace, je roule sur une barre de fer d’un centimètre de diamètre qui vient se bloquer dans l’une de mes roues et m’envoie au sol en me faisant effectuer un beau soleil. Durant les premières millisecondes de ma chute, je crains d’avoir arraché le dérailleur arrière. Je me vois à nouveau arrêter la course définitivement. Mais c’est la roue avant qui s’est sacrifiée. Je me relève et constate les dégâts. Un rayon tordu et la jante légèrement déformée au niveau du passage de rayon. Je me demande comment le rayon a pu ne pas casser vu comme la barre de fer s’est bloquée violemment contre la fourche. Peut-être que le savoir faire de l’artisan qui m’a monté mes roues y est pour quelque chose.
Je repars et constate que la roue est tout de même bien voilée. Je décide de ne pas trop y prêter attention, j’ai choisi un rayonnage de 32 rayons, ce n’est pas pour rien !
En fin d’après-midi, en haut d’une énième bosse, j’aperçois Benjamin qui est assis à côté de son vélo et qui fait un break. Je suis content de le retrouver. Nous roulons ensemble.
Benjamin est un petit gabarit qui roule très fort. Je suis étonné dès le début par sa facilité à monter les bosses et mais également à les descendre, et ce, avec un cyclocross. Il va quasiment aussi vite que moi dans cet exercice, alors que je suis en VTT suspendu ! Quand il me dira plus tard qu’il faisait parti de l’équipe de France cyclocross junior, je comprendrai alors pourquoi il a une telle technique.
A la tombée de la nuit, Benjamin crève. Il m’arrivera la même chose peu de temps après. Une petite épine est responsable de la perforation. Cela ne serait jamais arrivé en tubeless… Je pose calmement une rustine sur la chambre à air à la lueur de ma frontale, puis je repars et rattrape un concurrent du vendredi qui a fière allure. Nous discutons un peu avec Gautier. Lui aussi a trois enfants et lui aussi a sa famille qui le suit. Nous traversons des petits villages que j’ai parcourus avec mon fiston un mois avant lorsque nous avons fait notre tour du Morvan. Je contrôle mon émotion et continue de discuter avec Gautier. Il a réservé une chambre à Avallon.
La pluie commence à tomber et, comme la veille, je me laisse tenter par la perspective de me reposer dans un bon lit.
Je pense, amusé, que pour un aventurier, on fait mieux… Une nuit en tente, deux nuits à l’hôtel, je m’attendais à plus sauvage, mais je sais que le Morvan nous attend demain. Il vaut bien un peu de repos…
2 réflexions sur « French Divide 2017 – Day 3 »
vivement la suite!
merci
Trop cool Sylvain, je viens d’avaler les days 0 à 3. Plus facile à lire qu’à rouler, mais sans doute moins fort à ressentir :-). Je me régale à l’idée que les autres days vont arriver en 2018! Bien à toi