French Divide 2017 – Day 4
Le Morvan
174 km, 2670 mD+, 17h45
Yonne – Nièvre – Côte d’Or – Saône et Loire
mardi 8 août
La nuit a été très reposante, de bon augure pour attaquer le Morvan que je redoute. Lever à 4h30 pour un départ à 5h00.
Je pars le ventre quasi vide. Il pleut. Légère bruine à la sortie de l’hôtel qui s’intensifie progressivement en pluie régulière.
Je sais qu’on va emprunter une bonne partie de la Grande Traversée du Morvan VTT que j’ai reconnue mi-juillet, sans savoir que la French Divide y passait. Je me retrouve assez vite dans la forêt et au bout de 4 km, la trace GPS ne colle plus du tout au terrain. Je cherche, je me retrouve dans les ronces et la végétation basse, je ne comprends pas et ça me stresse. « Si à un moment vous ne trouvez pas la trace, bin… vous vous démerdez« . Ah oui c’est vrai, bon, je tente le chemin tout droit qui semble m’emmener dans la mauvaise direction, mais il n’y a pas trop le choix. La pente est raide et pierreuse, je pousse le vélo, une des rares fois pendant toute cette aventure. Au bout d’un kilomètre je retrouve la trace. I’m unlost.
J’atteins péniblement Quarré les Tombes vers 8h30 sous la pluie. Je retrouve Thibaut et Céline qui viennent de sortir de l’hôtel, je suis le premier au CP2 de cette journée.
Je ne suis pas de super humeur car j’ai froid et je suis trempé. Thibaut me demande si ça va. « Non c’est horrible » je lui réponds. C’est assez exagéré, mais quand on est dedans, on n’a pas toujours un grand recul sur ce qu’on vit. Je prends le temps de discuter un peu avec les deux bénévoles avant de repartir.
Malgré les conditions météo pas idéales, la traversée du Morvan est superbe, mais je ne me sens pas bien physiquement. J’ai mal au ventre et dans toute la partie gauche de mon corps, une sorte de douleur lancinante. Le matin même, j’ai pris un ibuprofène pour prévenir un mal au genou gauche qui était apparu la veille et qui m’a bien tracassé.
Une nouvelle crevaison par perforation d’une épine me ralentit encore un peu et j’atteins Autun vers 17h. La pluie s’est arrêtée de tomber. Je me sens mieux physiquement.
Je me dirige illico vers le magasin de vélo que j’avais repéré la veille sur internet, cycle Tacnet. Je scrute le rayon pneus avec attention et je trouve un Hutchinson Taipan tubeless et un flacon de préventif. Les vendeurs, vraiment très sympathiques, m’autorisent à utiliser leur atelier et je monte le nouveau pneu assez rapidement. Me voilà soulagé.
Je repars près d’1h45 après, ravitaillement fait, et j’entame à nouveau une partie de forêt. Ma vitesse de progression baisse au fur et à mesure que la nuit tombe.
Arrivé en haut d’un petit col, une mini-tempête se lève soudainement. Vent violent et pluie forte. Je n’ai rien vu venir. Je trouve refuge sous le porche d’une auberge qui est fermée. Je me prépare à passer la nuit ici, commence à déballer mes affaires, mais je me ravise finalement car je pense que je peux pousser encore un peu. Je remballe.
Ce scénario se répète souvent : prendre le risque de pousser un peu plus loin ou assurer le coup quand on trouve un abri convenable pour passer la nuit.
Mon point de chute final sera le petit village de La Tagnière. J’avais lu dans des récits que certains tentaient l’hébergement chez l’habitant. Je décide de tenter ma chance en frappant au carreau de la seule maison du village où il y a encore de la lumière. Il est 23h. Après avoir fait peur à son fils, une dame et sa fille m’ouvrent la porte. Elle m’annonce qu’elle n’a pas de place pour moi mais essaie de trouver une solution.
Je lui demande « Mais il n’y a pas d’autres maisons habitées dans le village, je n’ai pas vu de lumière ? »
« Vous savez, c’est ça la campagne monsieur… »
Je trouve finalement refuge sous un préau d’école, un endroit parfait pour la nuit. Penser qu’une bonne partie de l’année des écoliers jouent sous ce préau avec toute l’innocence propre aux enfants de leur âge me réjouit avec mélancolie.