French Divide 2017 – Day 7

French Divide 2017 – Day 7

Water resistance

210 km, 4300 mD+, 16h30
Cantal – Dordogne – Corrèze – Lot
vendredi 11 août

Je quitte ma chambre d’hôte vers 5h30 sous une pluie fine. Je checke la position avant de partir, Benjamin s’est déjà remis en route.

Le Massif Central, même sous la pluie, est un endroit fantastique pour rouler en vélo. Malgré tout, le moral en a pris un sacré coup avec la journée de la veille. La promesse d’une météo qui va enfin s’améliorer donne l’énergie pour continuer à avancer, mais depuis deux jours, j’ai ces mots qui me viennent en tête : zéro plaisir – qu’est-ce-que je fous là – j’en ai ras le bol – etc.

Lever du jour brumeux

J’enfile les kilomètres de façon mécanique, je suis complètement trempé. Je ne tiens qu’au mental et évitant de trop cogiter. Je ne sais même pas si mon pantalon de pluie m’aurait servi, la pluie version longue durée, ça finit par passer à travers à peu près tout, à force de persévérance.
Je pense à tous les autres derrière, à ceux de devant, aussi, qui doivent galérer comme moi et j’espère qu’il n’y aura pas trop d’abandons.

Mon GPS souffre également de la météo. Le capteur pression-température saturé d’humidité donne des valeurs aberrantes. -45°C + 9000 m d’altitude.

Mon frère, en vacances à Brives, m’avait écrit la veille qu’il viendrait bien à ma rencontre dans la journée. Je lui avais répondu oui avec hésitation, car je sais qu’émotionnellement il faut arriver à gérer.
Vers 13h30, j’aperçois sur la route en haut d’une petite bosse sa voiture garée sur le bas côté. Ils sont là tous les trois venus me voir en famille. On est restés ensemble une bonne demi-heure, peut-être 45 minutes. Le moment fut intense et la séparation douloureuse, mais plus pour eux que pour moi au final. C’est souvent plus dur pour ceux qui restent. Je suis content de les avoir vus et quelque part fier qu’ils m’aient vus dans mon aventure.

Départ après les retrouvailles avec le frangin

Benjamin me rejoint peu après, alors que je fais une pause photo. Il est content de m’avoir rattrapé, et me dit être éprouvé aussi moralement par la météo. Nous roulons ensemble, peut-être 50 km jusqu’à la pause déjeuner de 16h.

Le passage en Dordogne marque un tournant de la journée. Il pleut toujours mais il fait bien meilleur. Puis la pluie s’arrête enfin. Enfin.
Le plaisir de rouler revient très rapidement sur des chemins roulants, secs, avec des paysages qui se dégagent petit à petit. Ça sent soudainement le sud, c’est incroyable !

Je file sur Rocamadour et me fais interpeller par un admirateur de la French Divide qui suit notre progression depuis internet et qui est venu à ma rencontre. Je discute un peu avec lui, ça me redonne un grand sourire.

Je ne m’attendais pas à trouver autant de monde à Rocamadour, c’est superbe, mais après la traversée du Massif Central, je trouve ça… « peuplé ».

Sur les chemins de Compostelle

Vers 19h30, je retrouve Benjamin qui m’attend au bord d’un chemin. Je suis surpris, je pensais qu’il aurait filé. A vrai dire, je ne comprends pas trop, mais en fait si, je crois comprendre.

Je voulais atteindre Cahors ce soir, le CP4, mais me laisse finalement convaincre par Benjamin qui trouve un super spot pour passer la nuit : une maison en construction. Un abri parfait. La nuit promet d’être bonne, mais elle ne le sera pas tant que ça pour moi.
Je me lève en pleine nuit pour satisfaire un besoin physiologique et me cogne le gros orteil droit violemment contre une pierre. De retour sur mon matelas, je constate les dégâts. Outre la douleur, mon ongle est à moitié arraché et ça saigne pas mal. Je désinfecte illico et me recouche angoissé à l’idée d’enfiler ma chaussure de VTT au petit matin. Je me vois abandonner plus très loin du but. J’ai vraiment les boules.
« Pourquoi t’as abandonné sur la French Divide ? »
« Bin, je me suis blessé »
« Aïe une grosse chute j’imagine ? Dans une descente ? »
« Non, en allant pisser à 2h du mat, je me suis éclaté un doigt de pied contre une pierre. »
« Ah ouais… »

 

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